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The little things Mrs. C
27 avril 2012

Ses mots sur ces maux

 

Je n'ai pas posté depuis plus d'une semaine.

Certes, il y a eu les vacances dans le Var chez mes parents. Mais il y a surtout eu ce jour sombre.

Je suis longtemps restée devant l'écran à me demander comment coucher sur ce blog ma tristesse, ma colère voire ma haine devant les résultats de ce 1er tour.

Je suis restée "sèche", n'arrivant pas à trouver les mots. Certaines l'ont très bien fait. Moi je ne m'en sentais pas capable.

Mercredi, j'ai lu la lettre de Philippe Torreton à Jean Ferrat.

Ses phrases, ses mots qu'il pose sur ces maux, tout est d'une intelligence, d'une justesse à couper le souffle.

Il exprime à travers ce billet, ce que je ressens depuis dimanche.

 

 

 

 Lettre de Philippe Torreton à Jean Ferrat

 

Jean,

J’aimerais te laisser tranquille, au repos dans cette terre choisie. J’aurais aimé que ta voix chaude ne serve maintenant qu’à faire éclore les jeunes pousses plus tôt au printemps, la preuve, j’étais à Antraigues il n’y a pas si longtemps et je n’ai pas souhaité faire le pèlerinage. Le repos c’est sacré !


Pardon te t’emmerder, mais l’heure est grave, Jean. Je ne sais pas si là où tu es tu ne reçois que le Figaro comme dans les hôtels qui ne connaissent pas le débat d’idées, je ne sais pas si tu vois tout, de là haut, ou si tu n’as que les titres d’une presse vendue aux argentiers proche du pouvoir pour te tenir au parfum, mais l’heure est grave !


Jean, écoute-moi, écoute-nous, écoute cette France que tu as si bien chantée, écoute-la craquer, écoute la gémir, cette France qui travaille dur et rentre crevée le soir, celle qui paye et répare sans cesse les erreurs des puissants par son sang et ses petites économies, celle qui meurt au travail, qui s’abîme les poumons, celle qui se blesse, qui subit les méthodes de management, celle qui s’immole devant ses collègues de bureau, celle qui se shoote aux psychotropes, celle à qui on demande sans cesse de faire des efforts alors que ses nerfs sont déjà élimés comme une maigre ficelle, celle qui se fait virer à coups de charters, celle que l’on traque comme d’autres en d’autres temps que tu as chantés, celle qu’on fait circuler à coups de circulaires, celle de ces étudiants affamés ou prostitués, celle de ceux-là qui savent déjà que le meilleur n’est pas pour eux, celle à qui on demande plusieurs fois par jour ses papiers, celle de ces vieux pauvres alors que leurs corps témoignent encore du labeur, celles de ces réfugiés dans leurs propre pays qui vivent dehors et à qui l’on demande par grand froid de ne pas sortir de chez eux, de cette France qui a mal aux dents, qui se réinvente le scorbut et la rougeole, cette France de bigleux trop pauvres pour changer de lunettes, cette France qui pleure quand le ticket de métro augmente, celle qui par manque de superflu arrête l’essentiel…


Jean, rechante quelque chose je t’en prie, toi, qui en voulais à D’Ormesson de déclarer, déjà dans le Figaro, qu’un air de liberté flottait sur Saïgon, entends-tu dans cette campagne mugir ce sinistre Guéant qui ose déclarer que toutes les civilisations ne se valent pas? Qui pourrait le chanter maintenant ? Pas le rock français qui s’est vendu à la Première dame de France. Ecris-nous quelque chose à la gloire de Serge Letchimy qui a osé dire devant le peuple français à quelle famille de pensée appartenait Guéant et tous ceux qui le soutiennent !


Jean, l’huma ne se vend plus aux bouches des métros, c’est Bolloré qui a remporté le marché avec ses gratuits. Maintenant, pour avoir l’info juste, on fait comme les poilus de 14/18 qui ne croyaient plus la propagande, il faut remonter aux sources soi-même, il nous faut fouiller dans les blogs… Tu l’aurais chanté même chez Drucker cette presse insipide, ces journalistes fantoches qui se font mandater par l’Elysée pour avoir l’honneur de poser des questions préparées au Président, tu leurs aurais trouvé des rimes sévères et grivoises avec vendu…


Jean, l’argent est sale, toujours, tu le sais, il est taché entre autre du sang de ces ingénieurs français. Lajustice avance péniblement grâce au courage de quelques-uns, et l’on ose donner des leçons de civilisation au monde…
Jean, l’Allemagne n’est plus qu’à un euro de l’heure du STO, et le chômeur est visé, insulté, soupçonné. La Hongrie retourne en arrière ses voiles noires gonflées par l’haleine fétide des renvois populistes de cette droite “décomplexée”.


Jean, les montagnes saignent, son or blanc dégouline en torrents de boue, l’homme meurt de sa fiente carbonée et irradiée, le poulet n’est plus aux hormones mais aux antibiotiques et nourri au maïs transgénique. Et les écologistes n’en finissent tellement pas de ne pas savoir faire de la politique. Le paysan est mort et ce n’est pas les numéros de cirque du Salon de l’Agriculture qui vont nous prouver le contraire.
Les cowboys aussi faisaient tourner les derniers indiens dans les cirques. Le paysan est un employé de maison chargé de refaire les jardins de l’industrie agroalimentaire. On lui dit de couper il coupe, on lui dit de tuer son cheptel il le tue, on lui dit de s’endetter il s’endette, on lui dit de pulvériser il pulvérise, on lui dit de voter à droite il vote à droite… Finies les jacqueries !


Jean, la Commune n’en finit pas de se faire massacrer chaque jour qui passe. Quand chanterons-nous “le Temps des Cerises” ? Elle voulait le peuple instruit, ici et maintenant on le veut soumis, corvéable, vilipendé quand il perd son emploi, bafoué quand il veut prendre sa retraite, carencé quand il tombe malade… Ici on massacre l’Ecole laïque, on lui préfère le curé, on cherche l’excellence comme on chercherait des pépites de hasards, on traque la délinquance dès la petite enfance mais on se moque du savoir et de la culture partagés…


Jean, je te quitte, pardon de t’avoir dérangé, mais mon pays se perd et comme toi j’aime cette France, je l’aime ruisselante de rage et de fatigue, j’aime sa voix rauque de trop de luttes, je l’aime intransigeante, exigeante, je l’aime quand elle prend la rue ou les armes, quand elle se rend compte de son exploitation, quand elle sent la vérité comme on sent la sueur, quand elle passe les Pyrénées pour soutenir son frère ibérique, quand elle donne d’elle même pour le plus pauvre qu’elle, quand elle s’appelle en 54 par temps d’hiver, ou en 40 à l’approche de l’été. Je l’aime quand elle devient universelle, quand elle bouge avant tout le monde sans savoir si les autres suivront, quand elle ne se compare qu’à elle-même et puise sa morale et ses valeurs dans le sacrifice de ses morts…

Jean, je voudrais tellement t’annoncer de bonnes nouvelles au mois de mai…
Je t’embrasse.

Philippe Torreton

 

 

 

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Commentaires
I
Entre tous mes tourments entre la mort et moi<br /> <br /> Entre mon désespoir et la raison de vivre<br /> <br /> Il y a l’injustice et ce malheur des hommes<br /> <br /> Que je ne peux admettre il y a ma colère<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a les maquis couleur de sang d’Espagne<br /> <br /> Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce<br /> <br /> Le pain le sang le ciel et le droit à l’espoir<br /> <br /> Pour tous les innocents qui haïssent le mal<br /> <br /> <br /> <br /> La lumière toujours est tout près de s’éteindre<br /> <br /> La vie toujours s’apprête à devenir fumier<br /> <br /> Mais le printemps renaît qui n’en a pas fini<br /> <br /> Un bourgeon sort du noir et la chaleur s’installe<br /> <br /> <br /> <br /> Et la chaleur aura raison des égoïstes<br /> <br /> Leurs sens atrophiés n’y résisteront pas<br /> <br /> J’entends le feu parler en riant de tiédeur<br /> <br /> J’entends un homme dire qu’il n’a pas souffert<br /> <br /> <br /> <br /> Toi qui fus de ma chair la conscience sensible<br /> <br /> Toi que j’aime à jamais toi qui m’as inventé<br /> <br /> Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure<br /> <br /> Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre<br /> <br /> <br /> <br /> Tu rêvais d’être libre et je te continue. <br /> <br /> <br /> <br /> Dit de la force de l’amour, de Paul Eluard
M
*FN souffrance qu'on est bien en france...*<br /> <br /> Moi ce qui m'indigne le plus c'est tout c'est gens qui ne vont pas voter car soit disant ils ne se sentent pas concerner et qui laisse place à l’extrême droite<br /> <br /> j’espère que ce pourcentage va les réveiller un peu.<br /> <br /> Parce que le p'tit nain faudrait pas qu'il remette le couvert...<br /> <br /> Allez gardons un espoir pour le 6 Mai
M
Je "compatis", je vis dans le Gard, premier département FN et j'ai moi aussi une boule dans la gorge depuis ce 1er tour, même dans mon petit village tranquille loin de l'insécurité, de la violence, etc. qui pourraient à la rigueur et je dis bien à la rigueur, m'aider à comprendre certains votes, MLP arrive en tête avec 25 % des votes ! Mes enfants ont couru après le dépouillement arracher l'affiche de MLP pour exprimer notre mécontentement à nous ! On est plein d'espoir pour le 6 Mai.
B
Juste ça pour résumer le premier tour en ce qui me concerne : http://www.dailymotion.com/video/xqf4gu_papa_fun<br /> <br /> Bisous ma belle
P
Je ne suis ni blogueuse ni bobo mais je vote à gauche.<br /> <br /> Méfions nous des amalgames faciles et raccourcis qui ont permis à l autre extrême de faire ce score !<br /> <br /> Anc, yulenka et d autres encore ont raison de s inquiéter de notre sort à tous car TOUT est vraiment politique. Ce n est pas tant la forme de l excellent Torreton qui gêne mais le fond qui fustige une politique volontairement drastique pour le bien, dit on de nos concitoyens,mais quels sont ceux qui payent le plus en réalité ? À bien réfléchir je ne trouve pas choquant de taxer les hauts revenus puisqu on taxe bien la masse de manière inéquitable sur les produits de 1ère nécessité ? Alors qui sont les moutons ??? Ceux qui subissent ou ceux qui essaient de changer les idées en parlant politique en pleines élections et à un moment ou le regroupement est plus que jamais de rigueur.<br /> <br /> Alors votons tous et votons bien et pour le reste laissons dire !
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